Le point le plus élevé des côtes de Moselle est depuis le Ve siècle av. J.-C., un haut lieu, sinon le haut lieu, de pèlerinage de Lorraine. Après Rosmerta, la déesse de la fertilité, c'est la Vierge Marie, mère du Christ, que vénèrent les chrétiens.
La colline de Sion est une butte en fer à cheval s'allongeant du nord au sud. D'une altitude de 545 m, la butte est occupée à la pointe nord par le pèlerinage de Sion et à la pointe sud par le village de Vaudémont. Avant 1950, toutes les pentes de la colline étaient cultivées ou couvertes de verger de mirabelliers. Depuis, les forêts et les broussailles occupent le terrain. Le plateau sommital est occupé par une pelouse calcaire. La colline est une butte-témoin qui surplombe de 200 m le bassin sédimentaire érodé. Il s'agit d'un banc de calcaire plus résistant que l'érosion a isolé durant le tertiaire et le quaternaire. La couche sédimentaire épaisse de 2000 m constituant le plateau lorrain s'est formé durant les 155 Ma allant du trias au crétacé. À cette époque, la Lorraine était recouverte par un océan. De nombreux fossiles d'encrines du jurassique, formant les fameuses "étoiles de Sion", sont visibles au sein de ces couches géologiques. Les encrines sont également nommées lys de mer. Ce sont des animaux de la famille des échinodermes comprenant les étoiles de mer et les oursins. Les couches géologiques contiennent également des traces de pétrole à 500 m de profondeur qui fut exploité entre 1978 et 1992.
Le site fut occupé par l'homme depuis le néolithique comme le démontrent les quelques haches polies, les tessons de céramique et les pointes de flèches en silex retrouvés. Un village du VIe millénaire av. J.-C. a été retrouvé à Marainville-sur-Madon. Entre le VIIIe et le Ve siècle av. J.-C., des princes celtes occupèrent un oppidum au sommet de la colline. Ils y vénérèrent le dieu de la guerre Wotan, sur le site de Vaudémont, et la déesse de la fertilité Rosmerta, sur le site de Sion. Lors de la conquête romaine, le site était une place forte de la tribu des Leuques. Ceux-ci développeront le commerce avec la péninsule italique et avec la Grèce comme le démontrent les céramiques et les amphores retrouvées.
Le choeur de la basilique
Au IVe siècle, le christianisme naissant remplaça les dieux païens par la Vierge Marie. Un village se développa sur le site de Sion. Au cours du Xe siècle, l'évêque de Toul, St Gérard, placera la statue de la Vierge derrière l'autel de l'église paroissiale. Il mettra également la dévotion à la Vierge sous la protection du comte de Vaudémont et du duc de Lorraine. Au cours du XIe siècle, le village de Vaudémont devint une cité fortifiée avec une forteresse entourée d'épais murs flanqués de 12 tours. En 1306, Henri III, comte de Vaudémont, fit bâtir le choeur actuel de la basilique. Il remplaça la statue de la Vierge par une Vierge allaitant l'enfant Jésus. Cette statue fut détruite à la Révolution française. Après avoir unifié le comté de Vaudémont et le duché de Lorraine en 1473, le duc René II défit les troupes de Charles le téméraire devant Nancy, en 1477, sous la bannière de Notre-Dame de Sion.
La basilique
En 1625, Charles IV, duc de Lorraine, fonda un couvent à Sion. Les bâtiments furent construits sur les vestiges d'un complexe gallo-romain du IIe siècle. Ce couvent fut occupé par des moines tiercelins qui procèderont, en 1741, à l'agrandissement de la nef de la basilique. Lors de la Révolution française, le couvent fut vendu comme bien national. L'ancien chanoine Jean François Henry le racheta en 1797 et y rétablit le pèlerinage. De 1858 à 1869 fut érigée, au-dessus du porche de la basilique, une tour de 45 m de hauteur (190 marches). L'armée française mettra en place sur la colline de Sion, en 1870, un champ de tir. Le 26 avril 1871, une statue monumentale de la Vierge, haute de 7 m et pesant 8 tonnes, fut hissée sur la tour du porche. Malheureusement, elle se brisa lors de l'ascension. Une nouvelle statue prendra finalement place au sommet le 9 septembre 1871.
Lors de la fête de couronnement de la Vierge en 1873, 30000 pèlerins défilèrent, sous une pluie battante, devant la basilique. Une plaque de marbre noir portant une croix de Lorraine brisé avec l'inscription en patois "Ce n'ame po tojo" (ce n'est pas pour toujours) fut déposé dans la basilique. Elle symbolisa la résistance des Lorrains face à l'annexion par l'Allemagne de l'Alsace-Lorraine. Durant la 1ere Guerre mondiale, l'armée française installa au sommet de la butte des tranchées d'entrainement au lancer de grenades.
Le 24 juin 1920, lors de la fête de la victoire, Maurice Barrés masqua la brisure de la croix de Lorraine de la plaque posée en 1873 par une palme d'or et l'inscription "Ce n'ato me po tojo" (ce n'était pas pour toujours). La plaque fut complétée le 8 septembre 1946, lors de la fête de l'unité, suivi par 80000 personnes, par le général De Lattre de Tassigny. Il y apposa une nouvelle croix avec l'inscription "Astour hinc po tojo" (et maintenant unis pour toujours). Le 9 septembre 1973 fut inauguré le monument de la paix érigé à l'initiative du Père Louis Henry. Ce monument symbolise la consécration de la colline à l'oeuvre de la paix. Elle ne règnera cependant pas sur la basilique puisque le 8 novembre 2003 un incendie, provoqué par un court-circuit, ravagea la tour. Il provoqua la chute des cloches et l'endommagea au point qu'il fallut déposer la statue monumentale. Celle-ci retrouva sa place en 2007.
L'écrivain Maurice Barrés rendit la colline de Sion mondialement célèbre en y consacrant, en 1913, son roman "La colline inspirée". L'action de ce roman se déroule à Sion et évoque la vie des trois frères Baillard. Ces prêtres restaurèrent le couvent et le pèlerinage au cours du XIXe siècle. Pour cela, ils se couvrirent de dettes et entrèrent en conflit ouvert avec l'évêché de Nancy. Maurice Barrés est né à Charmes le 19 août 1862. Après des débuts dans le journalisme en 1884, il devint député de Nancy puis de Paris. En tant que tel, il réclamera sans cesse le retour à la France de l'Alsace et de la Lorraine perdue en 1871. Il milite activement pour le boulangisme et prend position contre Dreyfus. Il est élu à l'Académie française en 1906. Il est l'auteur de plusieurs romans, dont "Le jardin de Bérénice", "Du sang, de la volupté et de la mort", "Les déracinés", "L'appel du soldat", "Colette Baudoche" ou "le jardin sur l'Oronte". Il décède le 4 septembre 1923.
Le monument Maurice Barrés
Un monument pour lui rendre honneur fut érigé au point culminant de la colline de Sion. Il a été conçu par l'architecte Achille Duchesne et le sculpteur René Grand-Colas sur le modèle de la lanterne des morts de Fenioux en Charente. Le signal de Vaudémont, d'une hauteur de 22 m, a été financé par une souscription nationale et fut inauguré le 23 septembre 1928.
Le monument Maurice Barrés
Le site possède également sa légende. Le saut de la pucelle est un endroit escarpé avec une falaise à pic caché par la présence de hauts arbres situés entre Sion et Vaudémont. Dans des temps reculés, un chevalier félon s'est épris de la fille du seigneur de Vaudémont. Il décida donc de l'enlever. Un soir, alors que la belle s'en revient, sur son cheval blanc, du sanctuaire de la Vierge, le vil chevalier se lance à sa poursuite. La jeune dame, réalisant le danger, s'enfuit en direction de l'à-pic en implorant la Vierge de lui venir en aide. Celle-ci saisit dans le ciel une poignée d'étoiles et les lança à la figure du chevalier. Le cheval et son cavalier, aveuglé par les étoiles, se précipitent dans le vide. La jeune dame est miraculeusement déposée au pied de l'à-pic sans le moindre dommage. Depuis ce jour, une myriade d'étoiles est présente dans le sol de la colline.
Ces photographies ont été réalisées en février 2014.
Y ACCÉDER:
L'accès à la colline de Sion est indiqué depuis la D913 reliant Nancy à Mirecourt ou depuis la N57 reliant Nancy à Épinal.
Texte et photos issues du site internet suivant : www.lieux-insolites.fr