Le temple musée visible actuellement au sommet du Donon
Dominant de ses 1009 m les Vosges du Nord, le Donon est cerné par deux cols, le col du Donon et le col d'entre deux Donon. Ces cols ont été depuis la nuit des temps un lieu de passage très fréquenté entre la Lorraine et l'Alsace.
Le Donon est occupé depuis le néolithique (environ 3000 ans av J.-C.). Des vestiges d'enceinte fortifiée datant d'environ 1000 ans av J.-C., sont toujours visibles autour du sommet. Le nom de Donon proviendrait d'ailleurs de Dun, nom gaulois signifiant Montagne ou de Dunos qui signifierait enceinte fortifiée. Des écrits de 1172 citent le lieu sous le nom de Ferratus Mons et depuis 1436 sous le nom de Donon.
La présence d'une source à proximité du sommet est certainement à l'origine d'un culte de l'eau de la part des tribus celtes des Triboques et des Médiomatriques habitant l'Alsace et de la tribu des Leuques habitant la Lorraine. La sédentarisation de ces peuples et l'augmentation des richesses liées à l'agriculture permirent l'essor du sanctuaire. Sur le sommet du Donon, les anciennes tribus célébrèrent le culte au dieu Teutatès, le père du peuple gaulois. Était également vénéré un dieu au nom de Vogesus, la déesse Hécate et le dieu Cernunnos. Vogesus est un dieu local très mystérieux représentant l'esprit de la montagne. Il donna son nom aux Vosges. Hécate est la déesse de la nuit, des carrefours et de la chasse infernale. Cernunnos est un dieu complexe représenté avec une ramure de cerf sur la tête ou avec trois têtes ou encore accompagnée d'un cerf.
Sous les Romains, à partir du 1er siècle, le dieu Mercure remplace Teutatès. On l'invoquait pour obtenir la richesse, les honneurs ou la protection de ces biens. Un grand temple lui a été consacré en 103 apr. J.-C. sous le règne de Trajan. Le dieu Teutatès fit cependant son retour dès le IIIe siècle apr. J.-C. sous une forme plus radicale que Mercure. Ceci peut être affirmé au travers de l'évolution de l'art produit par un atelier de sculpture local. Cet art évolue de l'art hellénique du IIesiècle vers un art local, à la fin du IIIe siècle, qui montre le retour des divinités celtique. La fin du lieu de culte s'amorce avec les invasions barbares. Le sanctuaire est probablement pillé au IVe siècle. Le coup de grâce est donné par la montée du Christianisme et par la chasse aux anciens dieux, organisée par les moines. Les données archéologiques démontrent que le grand temple de l'esplanade a été détruit par le feu au VIIe ou au VIIIe siècle. Le sanctuaire tomba peu à peu dans l'oubli.
Les anciens dieux furent précipités dans l'oubli par des moines, mais ironie de l'histoire se furent également des moines qui les en tirèrent. Ce sont les frères Hyacinthus Alliot, abbé de Moyenmoutier et Petrus Alliot, abbé de Senones qui découvrirent au XVIIIe siècle les vestiges des temples. Ils entreprirent les premières fouilles. Depuis de nombreuses fouilles archéologiques furent effectuées, la dernière de 1934 à 1938.
En 1869, le docteur Bédel de Schirmeck lança une souscription et fît bâtir le temple à douze colonnes visible actuellement sur la plate forme sommitale. Ce bâtiment servit de musée jusqu'en 1958. Il abritait derrière des grilles, les trouvailles faites sur le site. Les pièces rescapées des pillages sont actuellement conservées au musée archéologique de Strasbourg et au musée d'Épinal.
Le temple musée moderne
Le temple musée érigé sur la table sommitale
Le Donon fut également le théâtre de batailles durant la 1re Guerre mondiale. Après en avoir délogé les Français en août 1914, les Allemands occupèrent le sommet jusqu'à la fin de la guerre. Le site fut ensuite réoccupé durant la 2e Guerre mondiale. Quatre cent quarante soldats français et allemands y trouvèrent la mort. Ultime sacrifice aux dieux.
Différents édifices sont actuellement visibles au sommet du Donon. Le site débute par un amphithéâtre semi-circulaire présentant les copies de huit stèles votives retrouvées lors des fouilles. Elles représentent les dieux Mercure, Vogesus, Cernunnos et Jupiter. Ces copies ont été disposées à cet endroit par Madame Fanny Lacour dans les années trente.
Cliquer ici ou sur la photo pour voir les détails des stèles votives
En face de cet amphithéâtre se trouve un temple qualifié de temple d'accueil. Les vestiges forment un rectangle de 11m sur 7,60 m. Ce temple, construit à l'aide de gros blocs de grès, possédait une charpente en bois couverte de tuile. Les gravures des linteaux de porte indiquaient qu'il a été consacré à Mercure en l'an 103 apr. J.-C. Ce temple a été démantelé au XVIIIesiècle pour servir à la construction des réservoirs d'eau des forges de Framont.
Les vestiges du temple d'accueil
A gauche de ce temple se situe la source du Donon. Cette source a été captée et à part le couvercle en fer n'est plus visible. De ce temple part la voie sacrée menant au sommet. Le chemin actuel emprunte cette voie. Elle était bordée de stèles votives et de colonnes. Une reconstitution d'une de ces colonnes est visible au col du Donon. A droite de la voie sacrée était disposé un deuxième temple de forme rectangulaire.
Le puits sacré du Donon
En direction du sommet, un chemin, partant à gauche, mène vers le puits sacré. Ce puits, ou plutôt une citerne est taillé dans la roche et a une profondeur de 7,77 m. Il a une forme conique puis cylindrique avec un fond demi-sphérique. Il a été complété, dans les temps modernes, de deux murs circulaires. La fonction de ce puits a donné lieu à diverses suppositions comme celle d'un puits à sacrifice, d'un culte de l'eau ou d'une tombe d'un héros ayant donné lieu à la naissance du sanctuaire…
A proximité de ce puits, le long du sentier, ont été découverts les vestiges d'un temple circulaire en bois de 4 m de diamètre. La structure du temple était constituée de poteaux en bois calés dans des cavités taillées dans la roche. Cette construction était certainement le temple primitif.
Avant l'amas rocheux formant le sommet, le chemin forme une fourche. Le long de la branche de gauche était situé le temple sommital. Ce temple, construit en gros bloc de grès, possédait une charpente et un toit en pierre. Les pierres d'angles de la corniche étaient ornées de têtes humaines sculptées. De part et d'autre, du chemin, sous la table sommitale, étaient disposées des chapelles consacrées aux différents dieux.
Sous la table sommitale qui constitue un abri sous roche
Sur le côté droit de la table sommitale est visible la copie d'un bas relief. Il représente l'affrontement entre un lion et un sanglier. Ce bas relief, dont l'original est conservé au musée d'Épinal, fait référence à un mythe gaulois.
Le bas-relief situé sur le côté droit de la table sommitale
La table sommitale, culminant à 1109 m, est l'endroit le plus sacré. Ici se déroulaient certainement des cérémonies en plein air. Actuellement le temple musée de 1869 s'y dresse. La table sommitale est recouverte de gravures témoignant du passage des hommes à cet endroit depuis des siècles. Le temple musée a remplacé une pyramide géodésique qui permettait de vérifier la mesure de la perpendiculaire à la méridienne de l'observatoire de Paris.
Le sommet du Donon vu depuis la table sommitale
De l'autre côté de la table sommitale, en contrebas, se trouve un abri sous roche aménagé avec des murs en pierre de taille. Cet abri sous roche servi de refuge durant la 1re Guerre mondiale. On peut y voir de nombreuses inscriptions, dont un jeu de marelle gravée sur un banc de pierre.
L'abri sous roche situé à l'arrière du Donon
Le banc de pierre gravée du jeu de marelle
(passez la souris sur l'image pour voir apparaître la gravure)
Bien sûr comme tout lieu qui se respecte, le Donon a ses lots de légendes. Une d'entre elles nous apprend que le diable s'y montre le troisième jour de la nouvelle lune à minuit sonnant. On peut d'ailleurs voir l'empreinte de ces pieds, appelés "Pettes de Dial" dans certains rochers. Ces empreintes ont toutes le talon tourné vers le Nord. Une autre légende voit au Donon " le temple du soleil des Hyperboréens" dont la réputation parvient jusqu'en Grèce au IVe siècle av. J.-C.
Tout autour du somment, on peut voir des pierres allongées, couchées sur le sol. Ces pierres ressemblent beaucoup à des menhirs abattus. Un célèbre radiesthésiste alsacien, Adolphe Landspurg, reconnait d'ailleurs plusieurs menhirs abattus autour du sommet du Donon. Dans son livre "Hauts lieux d'énergies", il donne une explication pour le déclin des anciennes divinités : "Depuis qu'on a renversé les menhirs, les dieux ne parlent plus aux hommes et inversement, depuis qu'ils sont renversés, les hommes ne parlent plus aux dieux".
Un des blocs de pierre ressemblant beaucoup à un menhir
Ces photographies ont été réalisées en juin 2003.
Y ACCÉDER:
Le somment du Donon se mérite. Son accès n'est possible qu'a pied. L'ascension peut s'effectuer par la face sud ou la face nord. Pour la face sud, laisser la voiture au parking situé le long de la route d'Abreschwiller à droite après l'hôtel Weleda, puis suivre le fléchage du Club vosgien. Ce chemin vous fera déboucher en face de l'amphithéâtre.
Pour la face nord, le départ se situe au col d'entre deux Donon. Suivre la route d'Abreschwiller. A la fourche que forme la route, prendre à droite la direction d'Abreschwiller puis la route forestière qui démarre juste après sur la droite. Laisser la voiture au col. Pour atteindre le sommet, suivre la direction "Donon Sommet" (rectangle rouge). C'est le chemin qui monte à gauche de l'abri. Cet itinéraire vous fera après une heure de montée, passée devant l'abri sous roche avant d'atteindre le temple musée.
Les plus courageux pourront, après leur retour au col d'entre deux Donon, gravir au sommet du petit Donon situé en face du Donon. Au sommet du petit Donon, les dalles de grès forment un dolmen naturel.
Le sommet du Petit Donon avec la table en forme de dolmen
Coordonnées GPS du Col d'entre deux Donon : 48° N 30' 57" 7° E 10' 12" altitude 828 m
Coordonnées GPS de l'abri sous roche : 48° N 30' 46" 7° E 09' 58" altitude 1002 m
Coordonnées GPS du Temple Musée : 48° N 30' 45" 7° E 09' 51" altitude 1009 m
Texte et photos issues du site internet suivant : www.lieux-insolites.fr